ALGER – En allouant près du quart de son Produit intérieur brut (PIB), soit l’équivalent de 5000 milliards Da (35 Mds Usd) aux transferts sociaux directs et implicites, l’Algérie s’emploie à consacrer le caractère social de l’Etat qu’elle considère comme un principe immuable.

Au moment où le monde célèbre la Journée mondiale de la justice sociale, coïncidant avec le 20 février, la loi de Finances 2023, qui consacre les orientations du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, vient confirmer cette orientation, à travers les nombreuses mesures prises visant la préservation du pouvoir d’achat du citoyen.

En effet, ces mesures portent sur la subvention des produits dits de large consommation, la revalorisation des salaires et la lutte contre la spéculation illicite, sans pour autant introduire de nouveaux impôts, outre la promotion de l’investissement local pour assurer l’équilibre régional.

D’autres mesures ont été décidées précédemment par le président de la République, pour ne citer que l’exonération des salaires inférieurs à 30.000 Da de l’impôt sur le revenu global (IRG), mesure qui a bénéficié à 5 millions de citoyens, dont 2,6 millions de retraités, avec une dépense fiscale dépassant les 84 Mds Da/an, ou encore la réduction de l’IRG au profit de plus de 9 millions de personnes, avec une dépense fiscale d’environ 200 Mds Da.

La loi de Finances de 2023, dont le budget est le plus important depuis l’indépendance, avoisinant les 13.800 Mds Da, consacre plus de 9.700 Mds Da aux dépenses de fonctionnement, dont près de la moitié est versée dans les salaires, qui connaitront une augmentation significative au titre des exercices 2023 et 2024.

A la lumière de ces augmentations décidées par le président de la République, oscillant entre 4500 Da et 8500 Da/salaire, et pour lesquels près de 600 Mds Da ont été alloués cette année, en plus de la couverture dédiée à l’intégration des bénéficiaires du Dispositif d’aide à l’insertion professionnelle (DAIP) et à la conversion des contrats du dispositif d’Aide à l’insertion sociale (DAIS) en contrats à durée indéterminée (CDI), la masse salariale devrait atteindre 4630 Mds Da durant l’année en cours.

L’Etat affecte des sommes considérables aux subventions directes ou explicites, financées par le budget de l’Etat (en particulier les transferts sociaux), ainsi que les subventions indirectes ou implicites, à savoir les recettes non recouvrées que l’Etat cède sous forme d’incitations fiscales, avantages commerciaux et soutien des prix des produits énergétiques commercialisés.

Il s’agit des subventions ciblées (habitat, santé, pensions de retraite) et des subventions généralisées (subventions des prix des produits de base, des produits alimentaires et énergétiques et de l’eau), représentant ainsi la plus grande part de la subvention de l’Etat.

En 2021, 2700 milliards de DA ont été consacrés à la subvention des prix de produits énergétiques, plus de 400 milliards de DA à la subvention des prix des produits alimentaires et plus de 60 milliards de DA à la subvention des prix de l’eau.

Au regard des sommes considérables affectées à la subvention des prix des produits énergétiques, l’Algérie occupe la première place à l’échelle mondiale en termes d’application des prix les plus bas pour le gaz de pétrole liquéfié destiné au carburant, deuxième pour le prix du gaz naturel et cinquième pour les prix des carburants (essence et mazout).

Pour renforcer davantage la justice sociale, l’Etat a décidé dans le cadre de la loi de finances 2022, de procéder à l’évaluation des dispositifs de subvention des prix des produits de base (alimentaires, énergétiques et eau), en vue de réformer le système de subventions généralisées en le remplaçant par des subventions ciblées avec l’association de toutes les parties prenantes dans l’élaboration de cette nouvelle approche.

 

— Le caractère social de l’Etat.. un choix irréversible —

 

Des experts estiment qu’en dépit de la pandémie de Covid-19 qui a impacté toutes les économies mondiales, l’Algérie n’a pas renoncé au caractère social de son budget contrairement aux autres pays, car son orientation sociale est un principe sacré et un choix stratégique irréversible.

L’expert en économie, Mourad Kouachi, a estimé dans une déclaration à l’APS, que « l’Etat algérien a œuvré à la consécration de son caractère social depuis l’indépendance et auquel il n’a pas renoncé, en dépit des gouvernements et des conjonctures successifs, étant considéré par l’Etat comme un principe et un choix stratégique et le place en tête des priorités, notamment à travers le maintien de la gratuité de l’enseignement et des soins, la distribution d’un grand nombre de logements et la subvention de produits de large consommation et autres ».

Pour cet expert, « Même dans les pires situations, voire en pleine pandémie de Covid-19, l’Etat avait consacré d’importants budgets au volet social, alors que certains pays développés avaient renoncé à leurs obligations sociales ».

L’expert a souligné que le budget de l’exercice 2023 « est énorme, si ce n’est le plus gros budget de l’histoire de l’Algérie, sachant que sa plus grande partie est destinée au soutien du pouvoir d’achat, sans l’imposition d’impôts et de taxes supplémentaires ».

L’expert en économie, Ishak Kherchi a, quant à lui, affirmé que « la loi de finances 2023 a consacré le caractère social de l’Etat et préservé le pouvoir d’achat du citoyen, sans imposer de nouveaux impôts, en vue de contenir l’inflation et de consacrer la justice sociale ».

« La justice sociale en Algérie se traduit aussi à travers la démarche de l’Etat de concrétiser l’équilibre régional, en focalisant sur les projets de développement dans les différentes wilayas du pays, notamment dans les dix nouvelles wilayas », ce qui a permis d’éradiquer 80% des « zones d’ombre », a-t-il poursuivi.

Pour M. Kherchi, la loi sur la lutte contre la spéculation illicite consacre aussi la démarche de réalisation de la justice sociale, en vue de maîtriser les prix et de préserver le pouvoir d’achat du citoyen.

aps