CHLEF – Originaire de Chlef, Fatima Yakoubi est une femme qui a réussi la gageure de concilier deux métiers, en tenant un salon de coiffure et d’esthétique à Tadjena, tout en poursuivant son activité agricole héritée de son père, en dépit d’un environnement familial conservateur, incarnant ainsi le modèle de la femme rurale productive et de l’artisane professionnelle à qui tout réussit.

Grace a sa volonté à toutes épreuves et sa passion du travail, cette dame de 59 ans a réussi à faire l’exception, en exerçant son métier de coiffeuse dans son salon, sis à Tadjena, avant de se rendre durant la même journée, dans son exploitation agricole située à Bouzeghaia, à une trentaine de km de son salon de coiffure, pour s’enquérir de ses champs de blé et d’orge, et nourrir ses moutons et vaches.

A la veille de la célébration de la Journée internationale de la femme (8 mars), Fatima a raconté à l’APS, les circonstances sociales et familiales qui l’ont amenée en tant que fille aînée de sa fratrie à abandonner ses études primaires dans les années 70 du siècle dernier, pour aider son père dans les champs et soutenir sa famille.

« Avec le temps j’ai réussi à acquérir une grande expérience dans ce domaine, en maitrisant plusieurs activités agricoles », a-t-elle dit.

Ne se contentant pas de son savoir-faire agricole, elle décida de suivre une formation professionnelle en coiffure et esthétique et obtint son diplôme en 1992. Un fait qui lui a permis de travailler dans plusieurs salons de coiffure à Chlef et de se perfectionner dans le domaine.

A la mort de son père, Fatima Yakoubi se trouve confrontée à un dilemme, sacrifier une de ses deux passions, l’agriculture ou la coiffure, ou concilier les deux, et finit par opter  pour la 2e option, un véritable défi pour elle, continuer à exercer la coiffure tout en n’abandonnant pas le legs de son père.

Mieux encore, cette dame courage a développé ses deux activités, en assurant des postes d’emploi pour les citoyens de sa région, faisant preuve d’aptitudes certaines en matière de gestion d’entreprise.

 

Une volonté à toutes épreuves pour réussir

 

Actuellement Mme Yakoubi emploie quatre (4) personnes dans son salon de coiffure et quatre (4) autres dans sa ferme, passant ses journées entre Tadjena et Bouzeghaia, tour à tour, à s’occuper de ses clientes au salon de coiffure, ou à s’enquérir de ses récoltes agricoles, nourrir ses bêtes et assurer l’approvisionnement de la ferme en eau.

Son travail au salon de coiffure la contraint parfois à travailler jusqu’à des heures tardives pour coiffer et maquiller des mariées. Il lui arrive aussi de se lever très tôt le matin pour irriguer ses cultures.

Interrogé sur sa patronne, Ahmed Laidi, un ouvrier agricole employé dans l’exploitation agricole de Mme Yakoubi depuis plusieurs mois, a relevé que cette dernière est « foncièrement réputée pour sa détermination et sa volonté à toutes épreuves, qui ont fait d’elle une très bonne gérante et administratrice. « Elle a de très bonnes relations professionnelles avec son équipe de travail, basées sur les valeurs de solidarité, d’altruisme et de bienveillance », a-t-il souligné.

Selon lui, le métier de coiffeuse de Mme Yakoubi « n’a jamais impacté sur ses rendez-vous et ses engagements à la ferme. Elle ne manque jamais l’heure de donner à manger à ses bêtes (moutons, vaches, volailles) qu’elle nourrit personnellement », a-t-il encore souligné admiratif.

Une admiration partagée par la fille de Mme Yakoubi, Chaima, qui a affirmé que sa mère « n’a jamais manqué à ses obligations familiales, en dépit d’un agenda fortement chargé. Elle est pour moi un modèle à suivre et une source d’inspiration pour ses homologues féminines », a-t-elle soutenue, visiblement fière.

« La forte volonté de ma mère est singulière. Elle cumule deux métiers, une preuve définitive de la capacité de la femme à assumer des responsabilités multiples, tant dans le domaine familial, que celui des affaires et du travail », a ajouté Chaima.

L’histoire de Fatima Yakoubi, qui aspire à élargir encore ses activités à l’avenir, est unique dans son genre. Elle a réussi à allier son ambition personnelle de devenir coiffeuse, avec un métier d’agricultrice, reçu en héritage et perpétué par fidélité à la mémoire de son père, avec une égale passion.

APS