ALGER- Le président l’Association des anciens du Ministère de l’armement et des liaisons générales (MALG) et membre du Conseil de la nation, le moudjahid Dahou Ould Kablia, a mis en avant, samedi à Alger, les principaux axes de la stratégie de communication adoptée durant la glorieuse Révolution de libération pour contrer la machine de propagande coloniale.

Invité du Forum de la mémoire de l’Agence Algérie presse service (APS) consacré à « La stratégie de communication durant la glorieuse Révolution de libération », en présence de moudjahidine, d’enseignants universitaires et d’étudiants, M. Ould Kablia a évoqué en détail le processus de communication et d’information adopté par les chefs de la Révolution de libération, notamment le colonel Abdelhafid Boussouf, qui, a-t-il dit, s’employait à contrecarrer la politique de désinformation coloniale en misant sur « l’efficacité, la diffusion d’une information positive sur la lutte armée et la mise à nu des crimes de la colonisation ».

Partant de son expérience personnelle au sein du MALG, M. Ould Kablia a rendu hommage au rôle historique du moudjahid Boussouf durant la Révolution. En effet, lorsqu’il s’est vu confier la direction du Ministère de l’armement et des liaisons générales du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), en 1958, Abdelhafid Boussouf a pris de courageuses initiatives en vue de renforcer le front intérieur, notamment avec la création du corps des transmissions et l’approvisionnement des moudjahidine en armes et équipements militaires.

Le colonel Boussouf a aussi veillé à assurer une formation de qualité aux nouvelles recrues qu’il choisissait soigneusement sur la base de leur niveau d’études (universitaire ou secondaire) et des qualités personnelles qu’exigeaient les missions qui allaient leur être confiées, en tant que premier noyau du renseignement algérien au service des objectifs de la glorieuse Révolution, a-t-il poursuivi, précisant qu’une formation de qualité multisectorielle leur avait été assurée au sein de l’Ecole des cadres fondée par le moudjahid Boussouf.

Le Ministère de l’armement était chargé d’assurer la diffusion de l’information, de mener un travail de renseignement, de se procurer des armes et de coordonner entre les wilayas historiques, en sus de l’élaboration d’une stratégie de communication infaillible, notamment à travers la création de médias avec les moyens du bord, à l’instar de la Radio secrète, de l’agence Algérie Presse Service et des journaux Résistance algérienne et El Moudjahid, et ce, dans le but de rallier le peuple algérien à la cause afin qu’il apporte un soutien matériel et moral à la lutte armée, de contrer la propagande coloniale et d’internationaliser la cause algérienne, a-t-il fait savoir.

Le conférencier a, par ailleurs, souligné que les informations exploitées par la Révolution à son avantage provenaient des moudjahidine dans les différentes régions du pays, indiquant que des femmes avaient été recrutées dans les rangs du MALG pour établir un contact direct avec les familles algériennes, tandis que les militants étaient chargés de la collecte d’informations militaires.

Des renseignements étaient également puisés dans les médias français, auprès de cadres algériens travaillant dans l’administration française et de citoyens algériens qui se déplaçaient à travers les frontières nationales, a-t-il souligné, ajoutant que l’écoute des réseaux de communication de l’armée française via les directions spécialisées dans le déchiffrement, le décryptage et le renseignement, créées à cet effet, avaient également joué un grand rôle en la matière.

Selon M. Ould Kablia, les larges prérogatives conférées à Boussouf après 1958 lui ont permis de donner une nouvelle dimension à l’information révolutionnaire, avec l’enrôlement des intellectuels dans les rangs du Front de libération nationale (FLN) en vue d’éclairer l’opinion publique française, européenne et mondiale quant à la justesse de la cause algérienne et la brutalité de la colonisation. Parmi eux, il a cité le moudjahid et ancien ministre de l’Information dans le GPRA, M’hamed Yazid.

Grâce à cette stratégie, la France coloniale n’a pas réussi à étouffer les succès retentissants de l’information révolutionnaire ni à arrêter la diffusion de la Radio secrète. Elle n’a pas non plus réussi à tromper l’opinion publique algérienne malgré ses vastes campagnes de désinformation et la mobilisation de ses médias, a affirmé M. Ould Kablia.

Intervenant à cette occasion, le professeur à la faculté des sciences de l’information et de la communication de l’Université d’Alger 3, Mohamed Tayeb Ahmed, a évoqué la stratégie de communication et d’information mise en place par les chefs de la Révolution. Une stratégie basée sur une information à l’intérieur du pays visant à sensibiliser et à mobiliser le peuple algérien et une information à l’extérieur du pays visant à internationaliser la cause algérienne et à gagner le soutien des peuples, a-t-il expliqué.

Cette stratégie méthodique et étudiée se voulait un rempart contre le blackout imposé par la France coloniale et sa machine de propagande tendancieuse, a-t-il ajouté.

Il s’agissait également, à travers cette stratégie, de défendre la cause du peuple algérien et de convaincre l’opinion publique internationale de sa justesse en révélant au monde le visage hideux de la colonisation française.

APS