ALGER- La récente appréciation du dinar algérien face à l’euro et au dollar américain, particulièrement ces dernières semaines, permettra de résorber l’inflation, augmenter le pouvoir d’achat du citoyen, tout en renforçant la confiance dans l’économie nationale, ont indiqué à l’APS plusieurs économistes.

Pour le professeur en économie, Mohamed Hamidouche, « l’appréciation du dinar algérien face à un panier de monnaies, notamment le dollar américain, se ressentira par une baisse relative des prix des matières importées ».

Cette baisse des prix, a-t-il expliqué, « en plus d’améliorer le pouvoir d’achat des ménages, profitera aux opérateurs économiques versés dans l’importation des produits semi-finis et les équipements, ce qui fera croître sensiblement leur chiffre d’affaires avant la fin de l’année ».

« Ces répercussions positives » entraîneront  » une augmentation de la confiance des investisseurs dans l’économie nationale », a-t-il ajouté.

M.Hamidouche a tablé sur une amélioration de la valeur du dinar « sur au moins le prochain semestre, soit jusqu’à la fin du 1e trimestre de l’année prochaine », relevant que ces prévisions ne peuvent aller au-delà de cette période en raison des développements géopolitiques qui pèsent dans une large mesure sur la valeur des monnaies.

Pour cet expert, l’appréciation de la monnaie nationale s’explique par deux principaux facteurs, exogène et endogène.

Le facteur exogène a trait à la hausse des cours des hydrocarbures sur le marché international, du fait de la crise ukrainienne et des déséquilibres subséquents sur l’offre et la demande, notamment après les sanctions imposées à la Russie, a-t-il expliqué, rappelant, par là même, que les analyses mondiales soutiennent, dans leur ensemble, que cette crise géopolitique allait perdurer.

Avec cette cadence haussière des cours des hydrocarbures, « les réserves de change devront atteindre 100 milliards Usd au début de l’année prochaine », ce qui renforcera encore davantage la valeur du dinar face au dollar.

Quant au facteur endogène à l’origine de l’appréciation du dinar, Pr Hamidouche a souligné qu’il trouvait une explication dans la politique de commerce extérieur adoptée par le gouvernement qui œuvre au renforcement des exportations hors-hydrocarbures et à encourager Sonatrach à réaliser de nouvelles explorations.

Cette démarche a donné lieu à une hausse inédite des exportations algériennes, d’une part, et à une maîtrise de l’importation voire un frein à l’érosion des réserves de change, d’autre part, a-t-il fait remarquer.

L’expert en économie, Mourad Kouachi estime, lui, que le dinar algérien a connu récemment « un saut historique au niveau des transactions bancaires officielles, en ce sens que l’euro et le dollar se sont stabilisés autour de 140 Da ». Une hausse, poursuit-il, considérée comme « une augmentation inédite de la valeur de la monnaie nationale depuis plus d’une décennie, le dinar s’étant apprécié de 12,5% ces derniers jours en comparaison avec la même période de l’année dernière ».

L’universitaire prévoit « une hausse continue de la valeur du dinar pour le reste de l’année en cours et même durant l’année prochaine », eu égard aux évolutions géopolitiques qu’a engendrée la crise en Ukraine, ce qui explique la stabilité du prix du gaz à 300 Usd pour 1000 M3 et celui du pétrole à plus de 100 Usd/baril.

Sur les raisons de la hausse de la valeur du dinar, l’expert a précisé qu’elles sont liées, en premier lieu, au recul de la valeur de l’euro et du dollar sur le marché mondial, et à la hausse des réserves de change en Algérie, ce qui a « donné au dinar une capacité supplémentaire face aux chocs inflationnistes défavorables ». Les exportations des hydrocarbures devraient dépasser 50 milliards USD à la fin de l’année en cours, soit une hausse de 15 % par rapport à 2021.

Avec l’appréciation de la valeur du dinar, l’Algérie devrait assister à une « stabilisation des prix, un ralentissement des taux d’inflation, et par conséquent une amélioration du pouvoir d’achat et une augmentation du taux de croissance de l’économie de l’ordre de 3,6 % », a rassuré M. Kouachi.

Pour cet universitaire, le meilleur moyen pour préserver dans la durée l’appréciation de la monnaie nationale consiste à hisser les exportations hors hydrocarbures.

L’expert Ishak Kharchi, estime, lui, que la hausse de la valeur du dinar par rapport à l’euro et au dollar « va largement profiter à l’économie nationale, en ce que les investisseurs en Algérie auront à moins convertir pour acquérir des usines prêtes ».

La dépréciation de l’euro et du dollar permettra en outre de réduire la valeur des importations de l’Algérie et partant conforter le solde de la balance des paiements, ce qui est un indicateur économique important, a-t-il détaillé.

L’économiste Dr Fethi Ferhane a indiqué que la hausse de la valeur du dinar « aidera à alléger l’inflation, au regard de la grande hausse des prix sur le marché mondial et les répercussions qui en découlent sur les prix des importations du pays », assurant que la hausse du dinar a des répercussions positives sur les prix des intrants.

Selon la Banque d’Algérie, le taux de change du Dinar a atteint à l’achat, lundi, 140,2665 DA pour 1 dollar et 139,9158 DA pour 1 euro.

APS