Les économistes ont estimé que l’Algérie se trouve face à une opportunité historique pour réaliser le décollage économique et parvenir  au développement et à la prospérité de la société. Ils ont souligné qu’elle est en position de force pour imposer ses conditions, sa vision et son approche, concernant la reconsidération de l’accord d’association avec l’Union européenne, sur la base d’un partenariat stratégique et multilatéral  au service des intérêts des deux parties.

Le parlementaire et expert économique, le professeur Abdelkader Berriche, a expliqué que la visite du président du Conseil européen, Charles Michel en Algérie, s’inscrit dans le cadre d’une série de visites de responsables européens en Algérie, la qualifiant de «très importante», dans le contexte de l’intérêt que les pays européens portent à l’Algérie, qui marque son retour en force dans le domaine énergétique. Pour l’expert économique, «le point positif de la visite du président du Conseil européen en Algérie est sa vision et son approche qui convergent avec l’approche algérienne, concernant la révision du partenariat avec l’Union européenne. Ainsi, cette visite conforte la position de l’Algérie concernant la nécessité de revoir l’accord d’association avec l’Union européenne, sur la base d’un partenariat gagnant-gagnant, qui englobe tous les domaines et secteurs, et pas seulement l’aspect commercial, comme cela était le cas avec l’ancien accord. Berriche estime que le rôle que joue l’Algérie dans le domaine énergétique et le contexte international actuel, exigent de l’Europe de renforcer davantage ses relations avec l’Algérie pour garantir sa sécurité énergétique.
De son côté, l’Algérie devrait saisir cette opportunité et imposer ses conditions, sa vision et son approche, s’agissant de la révision de l’accord d’association avec l’Union européenne, sur la base d’un partenariat stratégique et plurilatéral qui sert les intérêts des deux parties, notamment dans le domaine de la facilitation de la circulation des capitaux, de l’investissement et de la circulation des personnes. Pour sa part, l’analyste et expert économique, Mustafa Mekideche, estime que les visites successives des responsables européens en Algérie portent un message clair, à savoir que l’Algérie à court, moyen et long terme sera la destination énergétique, car elle est un fournisseur fiable d’énergie, et recèle d’énormes capacités et réserves. Celui qui a occupé le poste de vice-président du Conseil économique et social (CNES), a expliqué que l’Europe a commis plusieurs erreurs dans ses relations avec l’Algérie, qu’elle doit corriger et entamer une nouvelle page dans ses relations avec notre pays. Le spécialiste explique que l’Algérie a été historiquement le premier fournisseur de gaz à l’Europe, et qu’elle a toujours été un fournisseur fiable avec des contrats à longs terme qui assurent les approvisionnements, soulignant que les revenus des contrats à long terme permettent le financement des investissements. Cependant, rappelle-t-il, l’Europe a lancé il y a des années une campagne pour abandonner les contrats gaziers à long terme, bien que le temps a prouvé que ces contrats étaient en sa faveur. Parmi les erreurs du Vieux Continent dans le domaine de l’énergie, ajoute notre interlocuteur, le fait qu’il n’a pas contribué et n’a pas manifesté d’intérêt pour le gazoduc transsaharien, qui devrait acheminé cette ressource énergétique du Nigeria en passant par le Niger jusqu’en Algérie et de là jusqu’en Europe, outre le veto français contre le projet du gazoduc ‘’MidCat’’ reliant la France à l’Espagne. «On peut dire que l’Europe est tombée dans le piège qu’elle a elle-même préparé, compte tenu de la crise actuelle du gaz et de ses conséquences. L’Europe a commis des erreurs envers l’Algérie qui doivent être corrigées. Nous disposons de réserves d’énergie conventionnelles et non conventionnelles estimées à 22. 000 milliards de mètres cubes en plus de l’hydrogène et de l’énergie solaire. De ce fait, à court, moyen et long terme, il n’y a pas moyen pour l’Europe de se détourner énergiquement de l’Algérie», a-t-il ajouté. Par ailleurs, Mekideche n’a pas exclu que la visite du président du Conseil européen, Charles Michel, en Algérie soit également liée à la crise avec l’Espagne et aux prix du gaz. L’Europe a approuvé des plafonds sur les prix du gaz qu’elle achète à la Russie, et très probablement, à travers la visite du responsable du Conseil européen, Charles Michel, ils veulent savoir comment l’Algérie réagira sur cette question, notamment la renégociation des prix avec l’Espagne.
Salima Ettouahria

APS